À l’instar des autres zones du globe, l’Afrique est confrontée à une forte inflation du prix des hydrocarbures. Depuis l’avènement de la crise du coronavirus, les prix du pétrole et du gaz connaissent des fluctuations incessantes. Avec le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, la situation s’est exacerbée avec une flambée du prix des hydrocarbures. L’Europe qui dépend en grande partie du pétrole et du gaz russe est présentement dans une fâcheuse posture.
Sommaire de l'article
L’Europe se tourne vers l’Afrique pour ses besoins en gaz


De nombreuses capitales occidentales ont enclenché diverses mesures d’économie de l’énergie. En plus de cela, l’Europe s’est tournée vers de nouveaux partenaires stratégiques afin de pouvoir bénéficier de ressources pétro gazière. Dès lors, le continent africain représentait une opportunité unique pour le vieux continent d’avoir de nouveaux contrats de livraison en hydrocarbures.
Ces derniers mois, on assiste à un ballet diplomatique des dirigeants européens dans des pays comme l’Algérie, le Maroc ou encore le Nigeria. Les deux pays du Maghreb, à savoir le Maroc et l’Algérie, disposent de ressources importantes en hydrocarbures. L’Algérie est par exemple le premier exportateur africain de gaz et le 7e au niveau mondial. Pour réduire donc sa dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz russe, l’Europe a décidé de beaucoup miser sur le continent africain, toute chose qui va permettre de déboucher sur une nouvelle ère de partenariat.
Le gazoduc Nigeria-Maroc pour une nouvelle période énergétique en Afrique de l’Ouest
Des mégaprojets dans le domaine énergétique sont annoncés et ils vont grandement profiter à l’Afrique. On peut notamment évoquer le projet de gazoduc Nigeria-Maroc dont le mémorandum a été signé le jeudi 15 septembre dernier à Rabat, la capitale du Maroc, en présence des dirigeants de la National Nigerian Petroleum Company Limited (NNPC) et ceux de l’Office marocain des hydrocarbures et des mines (ONHYM). Ce projet colossal verra le jour grâce à un investissement prévisionnel de 25 à 30 milliards de dollars.
Le projet gazoduc Nigeria-Maroc sera long de 6 000 kilomètres et il va traverser pas moins de treize nations africaines le long de la côte Atlantique, ce qui offrira l’opportunité d’approvisionner trois pays enclavés comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Le gazoduc va acheminer du gaz depuis le Nigeria via le Maroc pour ravitailler le marché européen à partir de l’Espagne. Vu qu’il s’agit d’une infrastructure transatlantique, les pays comme la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry, la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin seront traversés par l’ouvrage. Ce plan énergétique va favoriser l’accès à l’électricité pour ces différents pays de l’Afrique de l’Ouest.
Des perspectives socio-économiques en vue
La création de nombreux emplois est annoncée avec le développement de projets agricoles à fortes valeurs ajoutées. Le projet de gazoduc sera également une opportunité pour booster le secteur de la production d’engrais dans cette partie de l’Afrique. Plusieurs experts affirment que l’infrastructure va grandement contribuer à atténuer les impacts de la désertification et des émissions de carbone dans la zone ouest africaine. Les perspectives sont donc alléchantes et selon des sources concordantes, le gazoduc Nigeria-Maroc doit permettre l’acheminement de près de 5 000 milliards de m3 de gaz naturel jusqu’au Maroc.
La vie d’un grand nombre d’habitants de l’Afrique de l’Ouest pourrait de ce fait basculer positivement dans un avenir proche. Il serait judicieux pour les différents pays qui vont bénéficier des retombées de ce gazoduc de commencer à élaborer une sorte de guide qui contiendra des axes favorisant la naissance ou le renforcement de secteurs d’activités. Le domaine de l’Agriculture pourrait par exemple profiter de l’apport de ce projet pour entamer une mutation vers les innovations agricoles. Par conséquent, l’Afrique de l’Ouest pourrait devenir un pôle de croissance et d’optimisation dans le domaine de l’Agriculture. Avec le projet gazoduc Nigeria-Maroc, l’Afrique de l’Ouest aura la possibilité de se positionner dans des secteurs d’activités encore sous-exploités sur le continent.
Une coalition entre le Maroc et les pays de l’Afrique de l’Ouest pour la sécurisation du gazoduc
Vu l’envergure et l’importance de ce projet colossal, les dirigeants des pays traversés par le gazoduc doivent d’ores et déjà réfléchir sur les stratégies à mettre en place afin de sécuriser l’infrastructure. Pourquoi ne pas mettre en place une compagnie spéciale ouest africaine constituée de différentes entités militaires et paramilitaires qui vont se charger de protéger le gazoduc tout le long des 6 000 kilomètres. En effet, le défi de la sécurisation de ce gazoduc revêt d’une importance majeure. Il est d’une impérieuse nécessité d’éviter une situation semblable à celle qu’a connue la province du Cabo Delgado au Mozambique. Cette région de l’Afrique Australe recèle d’importantes ressources gazières et elle a bénéficié d’investissements colossaux.
Des mégaprojets dans cette zone ont vu le jour avec la construction de gazoducs qui doivent ravitailler en gaz l’Asie et le Moyen-Orient. Cependant, les projets dans cette zone du Mozambique sont mis à mal par les incursions armées terroristes. Les richesses du Cabo Delgado attirent des convoitises. C’est ainsi qu’en mars dernier, le groupe djihadiste Al-Chabab (les jeunes), organisation affiliée à l’État Islamique (EI) a mené une attaque retentissante dans la région du Cabo Delgado menaçant du même coup diverses installations gazières. Conscients des enjeux, les autorités mozambicaines ont déployé les grands moyens pour non seulement protéger les populations du Cabo Delgado et sécuriser les installations gazières dans le but de rassurer les investisseurs. L’État du Mozambique a signé des accords militaires avec des pays voisins alliés.
On pense notamment à l’Afrique du Sud qui est avec le Mozambique membre de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). Le Rwanda a également volé à la rescousse du Mozambique. C’est ainsi qu’un gros contingent, constitué des forces armées rwandaises et sud-africaines, fut déployé au Cabo Delgado.
L’objectif étant d’appuyer l’armée mozambicaine dans la sécurisation des biens et des personnes. À l’instar de cette coalition armée sous régionale au Mozambique, l’ensemble des pays qui bénéficieront du projet gazoduc Nigeria-Maroc devra élaborer un plan de sécurisation optimal pour le gazoduc transatlantique. Les pays de l’Afrique de l’Ouest ont beaucoup à gagner avec le projet.
Bon nombre de ces nations font face à divers défis sécuritaires et socio-économiques, mais une conjugaison de leurs efforts va permettre de mettre sur pied une coalition armée performante pour préserver les intérêts de tous avec la sécurisation du gazoduc Nigeria-Maroc.