Secteur éducatif Africain : comment entreprendre dans ce secteur si rentable ?

Le secteur de l’éducation en Afrique est confronté à de nombreux défis. De ce fait, une dynamique entrepreneuriale en plein essor et porteur de solutions innovantes se dessine.

Caractérisés par la volonté de produire des impacts sociaux ou environnementaux positifs, les investisseurs d’impact peuvent apporter un soutien décisif à cette dynamique. Néanmoins, il semble nécessaire de développer des outils spécifiques et de véritables partenariats avec les autres acteurs de ce secteur. Il faudra cultiver une nouvelle génération d’écoles privées responsables et pleinement tournées vers les enjeux de développement du continent africain.

Le secteur éducatif Africain, de l’éducation à l’emploi : les nombreux défis à relever

Malgré les formidables progrès réalisés depuis le début des années 2000, les systèmes éducatifs africains sont toujours en difficulté. Ils travaillent dur pour s’assurer que les jeunes Africains apprennent et s’intègrent avec succès dans la société. Grâce aux efforts vigoureux des gouvernements africains, l’enseignement primaire réalise progressivement son objectif de vulgarisation en Afrique. Mais aussi, il faut remercier les partenaires dans le cadre des Objectifs de Développement Durable. En conséquence, 34 millions d’enfants ne peuvent toujours pas fréquenter l’école primaire. Surtout dans les pays fragiles ou les situations de conflit affluent.

En outre, de nombreuses évaluations nationales et internationales ont été menées pour la plupart des étudiants africains. La plupart n’acquièrent même pas les connaissances et les compétences de base après la scolarité obligatoire. Les écoles sont confrontées à un grand nombre de pénuries de ressources humaines, matérielles et pédagogiques. De plus, le grand nombre d’inscriptions dans de nombreuses écoles publiques est plus frustrant que l’apprentissage.

D’autre part, un petit nombre d’élèves ont la possibilité de recevoir un enseignement supérieur et une formation professionnelle. Ces formations sont souvent jugées trop théoriques et déconnectées des besoins des employeurs locaux ou internationaux. Les taux de chômage des jeunes en Afrique ne sont pas plus hauts que dans les autres régions du globe. De plus, les taux d’emploi informel et de travailleurs pauvres demeurent eux critiques et constituent un risque croissant de déstabilisation sociale et politique.

Le secteur éducatif africain : l’essor du privé dans ce secteur est important

Le secteur privé de l’éducation, dans toute sa diversité, apparaît progressivement comme un acteur important pour faire face à ces enjeux. Aujourd’hui, on estime qu’environ un élève sur cinq en Afrique est scolarisé dans un établissement privé. Mais derrière ce chiffre se cache un secteur très varié, composé d’écoles confessionnelles, d’établissements lucratifs, de structures informelles. Ou encore d’autres écoles directement gérées par des acteurs philanthropiques

Pourtant, une dynamique semble commune à de nombreux pays africains : les opérateurs privés gagnent du terrain et accroissent l’offre de formation. Cette offre de formation est disponible dans la plupart des cycles éducatifs, dans des contextes institutionnels pourtant très différenciés. Cette expansion progressive du secteur privé de l’éducation constitue une opportunité et un défi considérable pour tous les acteurs du secteur éducatif.

Les États et leurs partenaires doivent notamment agir pour renforcer leur capacité de régulation de ces opérateurs privés. Ils doivent également s’assurer qu’aucun établissement éducatif, public ou privé, ne rompt la confiance nécessaire entre l’école, l’apprenant et la société.

Expérimentation des nouveaux modèle pédagogiques : l’ed-tech

Un incroyable dynamisme entrepreneurial tourné vers l’éducation émerge aux quatre coins du continent, soulevant autant de promesses que de nouveaux enjeux à affronter.

Des solutions de e-learning aux plateformes de cours par SMS en passant par des séances de coaching pour enseignants. Les entrepreneurs ne sont pas à court d’idées pour expérimenter de nouveaux modèles pédagogiques et pour s’affranchir des contraintes matérielles. Ces dernières entravent depuis longtemps des systèmes éducatifs entiers. Dans cet essor de solutions prometteuses pour bâtir l’école africaine de demain, le rôle de la recherche et de l’évaluation d’impact sera majeur. Il s’agira de sélectionner les modèles les plus pertinents et capables de renforcer l’apprentissage puis l’insertion de tous les apprenants.

Le rôle des technologies et de l’éducation par voie dématérialisée dans les systèmes éducatifs africains devient aussi un élément de débat incontournable. Et ceci pour toutes les parties prenantes du système éducatif (gouvernements, entrepreneurs, professeurs, parents d’élèves et apprenants).

D’autres défis à relever pour fournir aux écoles ce dont ils ont besoin

Le dynamisme entrepreneurial n’est par ailleurs pas le seul fait des stars de l’Ed-tech, bien au contraire. Des centaines d’entrepreneurs ingénieux font face à des défis logistiques et institutionnels complexes pour fournir aux écoles tout ce dont ils ont besoin.

Des manuels scolaires, du mobilier et des équipements tout aussi indispensables à l’apprentissage des élèves que des tablettes numériques dernier cri. Ainsi, au Niger, l’entreprise Éditions Afrique Lecture propose une offre d’annales de baccalauréat. Cette dernière était jusqu’alors inexistante, mais s’avère fondamentale pour la réussite des élèves du secondaire.

Dans ce type d’aventures entrepreneuriales, la relation stratégique avec les pouvoirs publics et les autres parties prenantes du système éducatif est au moins aussi importante que l’utilisation des technologies pour proposer des services véritablement utiles aux écoles et apprenants locaux.

Quel sera le rôle des investisseurs d’impact dans le secteur éducatif africain ?

1. Premier rôle : accompagner toutes les structures éducatives sans distinctions

Les investisseurs d’impact doivent accompagner ce dynamisme entrepreneurial à tous les stades de maturité des projets, avec des attentes de rendement adaptées. Les études de marché du secteur éducatif africain montrent qu’aujourd’hui la plupart des investisseurs n’accompagnent que des écoles et universités déjà très bien structurées.

Dans de nombreux cas, ces structures sont destinées à offrir des services éducatifs aux classes les plus aisées de la population. Dans une moindre mesure, ces investisseurs ont aussi soutenu des projets éducatifs innovants et plus accessibles. Mais ceux-ci étaient contraints de grandir à une vitesse démesurée pour satisfaire leurs propres exigences de rentabilité.

L’exemple bien connu de Bridge Academies en Afrique de l’Est le démontre. Il a rappelé combien il était difficile pour un réseau d’écoles à bas prix de passer à l’échelle. Et ceci, sans détériorer la qualité des enseignements et les relations de l’enseigne avec les autorités publiques.

2. Second rôle : bâtir des pans entiers de la finance dédié à l’éducation

En dehors de ces configurations, des pans entiers de la finance d’impact dédiée à l’éducation restent à bâtir, en particulier en Afrique francophone et lusophone. Les fonds d’impact doivent trouver les moyens de soutenir des projets moins matures. Par exemple dans les cycles de l’enseignement technique et professionnel où l’État et ses partenaires restent en retrait.

Il est ainsi impératif pour ces investisseurs de définir des instruments d’accompagnement ainsi que des exigences de rentabilité et d’impact. Il faut que ces dernières soient adaptées à un secteur social au temps long et devant intégrer tous les groupes sociaux. Notamment les jeunes femmes et les apprenants les plus vulnérables.

3. Troisième rôle : élargir ses partenariats avec des fondations et d’autres bailleurs philanthropiques

Afin de soutenir l’émergence d’offres éducatives accessibles et de qualité, les investisseurs devront faire preuve d’ingéniosité. Ceci pour bâtir des partenariats inédits avec d’autres parties prenantes du secteur. Des partenariats avec des fondations et autres bailleurs philanthropiques permettront aux investisseurs d’impact d’élargir l’accès aux établissements de leur portefeuille aux jeunes issus de milieux défavorisés. Des dispositifs de bourses ou de prêts étudiant financés par ces fondations pourraient démocratiser l’accès à des établissements privés de qualité. Les engagements de ces établissements en matière d’impact seront garantis par la présence au capital d’un investisseur éthique. De plus, ces associations entre équipes d’investissement d’impact et acteurs philanthropiques pourraient viser à soutenir des jeunes pousses et autres projets peu matures.

L’exemple parfait, le pionnier de l’Education Impact Fund en Côte d’Ivoire, fruit d’un partenariat entre la Fondation Jacobs et le fonds d’impact Comoé Capital. Ce programme a bénéficié à 6 jeunes pousses particulièrement prometteuses du secteur éducatif ivoirien. Dans ce secteur, on trouve un centre de formation des métiers de l’hôtellerie en plein cœur du quartier populaire de Yopougon ou bien la start-up Etudesk. Cette dernière a même récemment été sélectionnée parmi les 10 Ed-Tech les plus en vue sur le continent.

Le succès de ce programme d’investissement repose d’une part sur l’utilisation ciblée d’un capital risque fourni par un bailleur philanthropique. Alors que d’autre part, elle repose sur une équipe d’investissement particulièrement engagée au côté des entrepreneurs. Mais bien d’autres schémas d’intervention sont imaginables.

Des partenariats avec des institutions de recherche seraient aussi pertinents. Ceci dans le but de mesurer et d’évaluer les effets de long terme en matière d’apprentissage et d’insertion des modèles soutenus par les investisseurs. Ainsi, l’essor d’instruments de financement mixtes au service de l’éducation sera la clé. Une clé pour apporter des solutions d’accompagnement adaptées à l’émergence d’opérateurs privés responsables et engagés.

L’entrepreneuriat au service du développement éducatif en Afrique

En somme, les entrepreneurs doivent concevoir et mobiliser des stratégies et des modèles d’intervention innovants pour s’adapter aux réalités du secteur social en crise et d’un écosystème entrepreneurial dynamique. Ceci afin de relever les défis de qualité, des opportunités et de la pertinence de l’éducation en Afrique.

Le soutien actif des organisations de développement bilatérales et multilatérales dépendra de deux choses. De la crédibilité et de la pérennité de ces nouveaux modèles de financement hybride et de partenariats innovants. Par sa gouvernance et sa pratique, Impact Funds ne peut échapper au dialogue permanent avec les pouvoirs publics sectoriels. Ceci afin de s’assurer qu’ils sont bien intégrés dans l’écosystème éducatif local.

Associées à des acteurs philanthropiques experts en la matière, ces nouvelles initiatives devront soutenir les écoles et les activités annexes de la boucle. Ainsi que les formations prioritaires pour le développement local. C’est avec cet esprit d’innovation, de coopération et de partenariat que les investisseurs d’impact se donneront les moyens. Les moyens de contribuer de façon pertinente aux enjeux de l’éducation en Afrique bien sûr.

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