France : après le Mali, le Burkina, le Niger, Emmanuel Macron peut-il regagner la confiance des africains ? 

Emmanuel Macron confiance africains

Emmanuel Macron peut-il regagner la confiance des africains ? L’histoire des relations entre la France et l’Afrique est complexe. Cela a pu se vérifier dans des pays comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Ces relations ont connu des hauts et des bas au fil des décennies. Le climat s’est considérablement tendu avec l’avènement du terrorisme dans les pays sahéliens ci-dessus cités. 

Les récentes tensions entre ces nations et la France soulignent la nécessité de reconstruire la confiance entre l’ancienne métropole et l’Afrique. La présence militaire et diplomatique de la France dans ces régions de l’Afrique se réduisent comme neige au soleil. Il y a quelques jours, le président Macron a annoncé le retrait des troupes françaises stationnées au Niger ainsi que le rappel de son ambassadeur. 

Le diplomate Sylvain Itté était coincé à Niamey depuis le coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum. Il avait été sommé par les nouvelles autorités de quitter le territoire nigérien dans les plus brefs délais. Le scénario qui s’est produit au Niger fut le même au Burkina Faso et au Mali. 

Emmanuel Macron est accusé à tort ou à raison comme le visage de l’impérialisme sur le continent. Une grande partie de la population africaine, notamment sa jeune frange, le soupçonne de ne pas jouer franc-jeu dans la lutte contre le terrorisme. Dans quelle mesure le président français peut-il regagner la confiance des Africains ? Décryptage dans les lignes à venir.  

L’héritage colonial : les racines profondes de la méfiance

L’histoire coloniale de la France en Afrique a laissé des cicatrices profondes. Les pratiques coloniales ont laissé un héritage douloureux. Les populations locales se souviennent encore des années de domination. Cette mémoire collective continue de peser sur les relations contemporaines. 

De façon générale, les puissances coloniales ont imposé leur langue, leur culture et leur système de gouvernance aux populations africaines. Cela a souvent entraîné la mise de côté des langues et des coutumes locales, créant un sentiment de perte d’identité et de patrimoine culturel. Sur le plan politique, il y a aussi des choses à dire. 

En effet, les systèmes politiques hérités de la colonisation étaient en déphasage avec les attentes des peuples. Dans plusieurs pays africains, l’expression de ses systèmes politiques se caractérisait fréquemment par l’autoritarisme et la corruption. Il y avait un terreau fertile à l’entrave d’une gouvernance vertueuse et transparente. Si l’on prend le Burkina Faso, le Niger et le Mali par exemple, les populations ont des sentiments ambivalents envers la France. D’une part, l’hexagone a apporté des influences culturelles, des infrastructures et une éducation, mais d’autre part, elle a imposé une vision politique, social et économique, ce qui a généré des ressentiments.

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La guerre contre le terrorisme et l’engrenage de la France 

La perception de l’ingérence étrangère dans la région du Sahel, liée à la guerre contre le terrorisme, a eu un impact sur les relations entre les pays de la région et les acteurs internationaux. La lutte contre le terrorisme a été lancée en réponse à la montée en puissance des djihadistes dans la région. Les acteurs internationaux, notamment la France, ont apporté leur soutien militaire et financier aux pays sahéliens pour lutter contre cette menace. 

Cependant, au fil des années, avec l’enlisement de la crise sécuritaire, les populations ont commencé à douter de la sincérité du partenaire français. Paris fut également accusé de s’ingérer dans les affaires internes des pays sahéliens. Pour les opinions publiques locales, cette prétendue posture de la France fragilisait la riposte contre les groupes terroristes. 

Par la suite, la présence de forces française sur le territoire de certaines nations (Burkina, Mali, Niger) a soulevé des questions de souveraineté nationale. Ces différents paramètres ont alimenté la méfiance auprès des populations locales. En 2012, lorsque les forces terroristes fonçaient sur Bamako, la France avait enclenché l’opération Serval pour stopper leur avancée. La force Serval s’est ensuite muée en force Barkhane pour coordonner la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Une dizaine d’années plus tard, les militaires français furent priés de plier bagage au Burkina, au Niger et au Mali.

Les initiatives de Macron avec une nouvelle approche pour l’Afrique 

Le président français Emmanuel Macron tente de repenser la relation entre la France et l’Afrique. Il a exprimé la volonté de tourner la page de la Françafrique en faveur d’une coopération plus équitable. Il a marqué les esprits en 2017 lors de son discours à l’université Joseph Ki Zerbo au Burkina Faso. Macron avait alors reconnu qu’il n’y avait plus de politique africaine de la France. Ces déclarations avaient alors été perçues comme une rupture avec les politiques passées et une tentative de rétablir des relations plus équilibrées. 

Le dirigeant français a cherché à rompre avec les fantômes du colonialisme en engageant un dialogue franc avec la jeunesse africaine. L’on se souvient du sommet de Montpellier en 2021 où Macron avait échangé sans filtre avec divers jeunes leaders africains. Il a mis en avant l’importance de la coopération, du partenariat et de la démocratie, tout en reconnaissant les erreurs du passé. Macron a aussi maintenu un engagement continu dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. 

L’ancien ministre de l’Économie prône une approche dans laquelle les pays africains vont pleinement s’approprier la gestion de leur propre sécurité. Il a encouragé la mise en place de coalitions régionales avec le soutien de partenaires internationaux afin de renforcer la stabilité et la sécurité. Sur le plan économique, le locataire du palais de l’Élysée plaide pour un nouveau partenariat. 

Dans sa vision, le président français souhaite mettre l’accent sur l’investissement privé et le développement durable. Cette approche vise à favoriser le développement économique de l’Afrique et à réduire sa dépendance à l’égard de l’aide étrangère. Il faut reconnaître à ce niveau qu’Emmanuel Macron réalise des efforts. Les initiatives qu’il a enclenchées représentent un changement notable dans la façon dont la France aborde ses relations avec l’Afrique. Certes, il ya encore beaucoup à faire, mais c’est pas à pas avec une bonne stratégie que le président français arrivera à se réconcilier avec les Africains.

Regagner la confiance des africains, le chemin à suivre pour Macron 

Emmanuel Macron pourrait présenter des excuses officielles pour les atrocités coloniales commises par la France et promouvoir une réconciliation basée sur la vérité et la compréhension. Le passé colonial français en Afrique est marqué par la domination, l’exploitation des ressources, et souvent, des actes répréhensibles. Reconnaître ce passé difficile est essentiel pour comprendre les enjeux actuels. 

Il est important de tenir compte de l’héritage colonial qui continue d’influencer les relations entre la France et ses anciennes colonies. La demande de réconciliation et de justice pour les injustices passées est de plus en plus forte dans ces pays. Cette reconnaissance peut ouvrir la voie à des mesures de réconciliation, d’excuses et de coopérations bénéfiques. Il est essentiel de promouvoir un partenariat équitable basé sur le respect de la souveraineté nationale, en impliquant activement les gouvernements africains dans la résolution des problèmes régionaux. 

L’objectif de la coopération équitable est de réduire les inégalités mondiales, de favoriser le développement économique durable et de promouvoir des relations commerciales plus justes. Cet engagement se traduit par des actions concrètes visant à soutenir les producteurs locaux et à renforcer la solidarité internationale. Il serait donc judicieux pour la France de privilégier ce genre de partenariats avec l’Afrique. Les populations verront l’impact sur leurs vies et cela va contribuer à réinstaller un climat de confiance. L’investissement dans le développement est une stratégie cruciale pour soutenir la croissance économique et réduire la pauvreté dans les pays en développement. En tant que grande puissance, la France peut dynamiser ce genre d’investissements pour l’Afrique. 

De plus, l’établissement d’un dialogue ouvert avec les leaders et les citoyens africains offre à la France une opportunité précieuse de rétablir des relations positives et de renforcer sa réputation en Afrique. Cette démarche reflète une volonté d’écouter et de comprendre les réalités locales, ce qui peut conduire à une coopération plus fructueuse. En engageant un dialogue direct avec les leaders et les citoyens africains, la France peut obtenir des informations précieuses sur les besoins spécifiques de chaque pays. Cela donnera l’occasion à Paris d’identifier les défis auxquels sont confrontées les nations africaines.

Cette démarche permettra de mieux orienter les politiques et initiatives de coopération. Le dialogue ouvert contribue à dissiper les malentendus et les préjugés entre la France et l’Afrique. Par conséquent, cela favorise une relation plus transparente et harmonieuse. Comprendre les préoccupations africaines permet à la France de travailler en étroite collaboration pour résoudre les problèmes communs. Avec cette perspective, l’Hexagone va mieux appréhender les questions de sécurité, de santé, d’éducation et de développement économique en lien avec l’Afrique. La France peut renforcer sa réputation en Afrique en étant transparente dans ses actions. 

Elle doit s’évertuer à rendre compte de ses engagements en honorant ses promesses. Il ne faut pas se leurrer, les relations entre États sont basés sur les intérêts. Mais dans cette recherche d’intérêts, il ne fait pas oublier d’établir une relation de confiance. En montrant une réelle considération pour les opinions et les préoccupations africaines, la France peut être perçue comme un partenaire respectueux et égal. Cela prendra du temps, mais si la sincérité guide les actions des dirigeants français, des résultats tangibles pourront être observés. Dès lors, la France va se débarrasser de son costume d’acteur néocolonial qui lui colle tant à la peau.

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