Comment attirer les fonds privés pour financer le développement de l’Afrique ?

Comment attirer les fonds privés pour financer l'Afrique

Comment attirer les fonds privés pour financer l’Afrique ?. L’apparition et la propagation du coronavirus en 2019 ont conduit à l’adoption de mesures de riposte. Notamment le confinement et la distanciation physique, perturbant l’activité économique dans le monde entier.

Aujourd’hui, le continent africain se trouve à la croisée des chemins. Car la COVID-19 a fait apparaître de nouveaux risques et a accru les difficultés existantes. Cette situation réduit progressivement à néant les progrès économiques durement accomplis par le continent au cours des vingt dernières années.

Alors que ces progrès sont essentiels pour relever le niveau de vie sur le continent. comment attirer les fonds privés pour financer le développement dans les pays africains ?

Le secteur privé au service du développement économique en Afrique

Les niveaux élevés de dette publique et l’incertitude entourant l’aide internationale limitent la possibilité d’encourager la croissance par le biais de vastes programmes d’investissement public. Pour que ces pays parviennent à une reprise régulière et évitent la stagnation économique, le secteur privé doit contribuer davantage au développement économique. Les chefs d’État africains ont réitéré ce message lors du Sommet sur le financement économique de l’Afrique qui s’est tenu à Paris en mai.

Les infrastructures, qu’elles soient physiques (routes et électricité) ou sociales (santé et éducation), sont des domaines où le secteur privé peut être plutôt impliqué. Les besoins de développement des infrastructures de l’Afrique sont énormes : d’ici à la fin de cette décennie, ils atteindront en moyenne 20 % du PIB. Comment les financer ? Toutes choses égales par ailleurs, les ressources proviendront principalement de l’augmentation de la fiscalité, et la plupart des pays travaillent déjà dur. Cependant, compte tenu de l’ampleur de la demande, de nouvelles sources de financement doivent être mobilisées auprès de la communauté internationale et du secteur privé.

Le continent africain regorge d’opportunités pour les investisseurs privés. Sa population est jeune et en croissance, ses ressources naturelles sont abondantes. Ses villes connaissent une croissance massive. De nombreux pays ont engagé des plans d’industrialisation et de transformation numérique à long terme. Néanmoins, des investissements et des innovations substantiels sont nécessaires pour libérer le plein potentiel de la région. Selon un récent rapport de recherche publié par les services du FMI, d’ici la fin de cette décennie, le secteur privé pourra fournir chaque année un financement supplémentaire pour les infrastructures physiques et sociales, équivalant à 3 % du PIB de l’Afrique subsaharienne. Cela représente près d’un quart du taux d’investissement privé moyen dans la région, qui est aujourd’hui de 13 % du PIB et environ 50 milliards de dollars par an (sur la base du PIB de 2020).

Afrique investir en 2022

Quels sont les éléments qui ralentissent le financement privé en Afrique ?

Comparé à d’autres régions, le secteur privé, actuellement, est rarement impliqué dans le financement et dans la construction d’infrastructures en Afrique. 95 % des projets d’infrastructure sont exécutés par des entités publiques telles que les administrations nationales et les entreprises publiques. Suite à l’effondrement des prix des matières premières, le nombre de projets d’infrastructure impliquant le secteur privé a considérablement diminué au cours de la dernière décennie. Le rôle limité des investisseurs privés en Afrique est également évident à l’échelle internationale : le continent africain n’attire que 2 % des flux mondiaux d’investissements directs étrangers. De plus, ces investissements  sont concentrés dans les ressources naturelles. Il en est de même pour  les industries extractives, plutôt que dans la santé, les routes ou l’eau potable.

Améliorer l’environnement des affaires en Afrique pour attirer les investisseurs privés et changer ses modes de financement du développement semble donc essentiel. Selon une étude, trois risques préoccupent les investisseurs internationaux.

  • Les risques inhérents au projet

Bien que l’Afrique offre de nombreuses occasions d’affaires, le nombre de projets réellement « prêts à investir » est encore très faible. Ces projets sont à un stade de conception suffisamment avancé et intéressent les investisseurs. Ces derniers ne souhaitent pas investir dans des projets en développement ou sur des marchés inconnus. Le financement et le soutien technique fournis par les donateurs et les banques de développement peuvent aider les pays. Ceux-ci pourront fournir des fonds pour les études de faisabilité, la conception de projets. 

  • Risque de monétisation

Imaginez un projet avec un taux de rendement annuel de 10 %, mais la devise s’est dépréciée de 5 % au cours de la même période, anéantissant la moitié des bénéfices pour les investisseurs étrangers : pas étonnant qu’ils se méfient particulièrement du risque de change. Des politiques macroéconomiques prudentes, conjuguées à une gestion saine des réserves de changes, peuvent fortement réduire l’instabilité d’une monnaie.

  • Le risque de sortie

Si l’investisseur ne peut pas garantir qu’il pourra également sortir en vendant ses parts dans un projet et en récupérant ses gains, alors aucun investisseur ne risquera d’investir dans un pays. Des marchés financiers petits et sous-développés peuvent empêcher les investisseurs de se retirer en émettant des actions. Le contrôle des flux de capitaux peut ralentir les sorties ou augmenter leurs coûts. Dans les pays aux cadres juridiques faibles, les investisseurs peuvent être pris dans des poursuites judiciaires pour défendre leurs droits.

Encourager les investissements dans le secteur privé

Améliorer l’environnement des affaires est important, mais cela ne suffit pas. Le secteur du développement présente certaines caractéristiques structurelles. Dans l’environnement le plus favorable, la participation du secteur privé est intrinsèquement complexe. Par exemple, les coûts initiaux des projets d’infrastructure sont généralement élevés, mais ils peuvent être récompensés à long terme. Ce qui peut être difficile à évaluer pour les investisseurs privés. La croissance du secteur privé repose également sur des réseaux et des chaînes de valeur. Ces valeurs peuvent encore manquer sur les nouveaux marchés.

Lorsque ces problèmes sont sérieux, les pouvoirs publics peuvent être amenés à proposer des incitations supplémentaires. Ces actions vont rendre les projets d’infrastructure attrayants pour les investisseurs privés. Ces incitations, qui prennent la forme de divers types de subventions et de garanties, peuvent être coûteuses et présenter des risques sur le plan budgétaire, mais, dans les faits, de nombreux projets dans les secteurs du développement ne peuvent se concrétiser sans elles. En Asie de l’Est, 90 % des projets d’infrastructure auxquels participent des entreprises privées bénéficient d’un soutien public.

Grâce à certaines caractéristiques de conception, les pouvoirs publics peuvent maximiser l’efficience et l’effet des incitations publiques. En oubliant surtout pas de réduire les risques autant que possible. Il doit également être transparent, laissant suffisamment de risques pour les parties privées et ajoutant de la valeur. C’est-à-dire garantissant que des projets de valeur qui ne seraient pas réalisés autrement puissent être réalisés. Enfin, ces incitations doivent être bien calibrées pour éviter de surcompenser le secteur privé.

Compte tenu des fonds publics limités, les pays africains et les partenaires au développement peuvent envisager de réaffecter certaines ressources de l’investissement public au financement d’incitations pour des projets privés. Si cette redistribution est progressive et soutenue par des institutions fortes, la transparence et la gouvernance, elle peut augmenter la quantité, la variété et la qualité des services fournis à la population africaine. Une réflexion plus innovante peut aider à réaliser le potentiel de transformation des infrastructures sur le continent africain.

Le financement à long terme du développement durable en Afrique : un enjeu crucial

L’Afrique cherche à accélérer la croissance économique pour atteindre les objectifs nationaux de développement dans la perspective des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Et ce, de manière durable sur le plan financier et environnemental.

La réalisation des ODD en Afrique d’ici 2030 coûterait environ 1 300 milliards de dollars par an, selon l’ONU. Ce montant pourrait atteindre 19 500 milliards de dollars en raison de la croissance démographique. Avec un taux qui devrait être de 43 % entre 2015 et 2030. Un autre défi est l’adaptation aux changements climatiques. C’est une urgence absolue, à mesure que les infrastructures et les milieux urbains se développent. On estime que 18 à 30 milliards de dollars par an seront nécessaires au cours des deux ans à venir. Ces fonds sont pour l’action climatique et l’adaptation aux changements climatiques en Afrique. De ce fait, les projets finançables se chiffrent à près de 1 000 milliards de dollars.

Encourager les États à mobiliser les ressources intérieures et les sources privées. Assurer un financement international du développement plus efficace. Mobiliser le financement de la lutte contre les changements climatiques. Ces mesures permettront de combler les importants déficits de financement au développement en Afrique.

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