Les 11 entrepreneurs qui profitent des opportunités de l’agrobusiness en Afrique

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Il y a 10-15 ans, l’économie agricole en Afrique se composait de trois types d’acteurs. Premièrement, les masses paysannes importantes considérablement massives. Viennent ensuite les grandes exploitations agricoles, les sociétés de production agricole publiques. Et enfin les transformateurs agricoles privés appartenant à de grands groupes internationaux. Mais depuis, une nouvelle classe de participants a émergé en Afrique : ce sont les entrepreneurs de l’agrobusiness. Ces derniers investissent dans la production agricole et le plus important dans les moyens qui permettent de transformer l’agriculture.

De l’huile de soja au chocolat ou à l’huile de palme de cajou, etc. Ce véritable esprit d’entreprise moderne ne convient pas aux grands groupes agro-industriels. Mais il convient aux particuliers qui utilisent des millions d’euros, parfois même moins, pour constituer une unité de transformation industrielle. Dans la grande majorité des cas nationaux, essayer d’entrer sur le marché à partir de là est plus facile. Pourquoi ? Car il y a une population urbaine croissante et consommatrice qui fait des arbitrages entre production importée et production locale.

L’Afrique offre aujourd’hui aux entrepreneurs et aux investisseurs de nombreuses opportunités agro-industrielles. Et ceci de l’exportation de superaliments à la mode à la transformation des déchets agricoles en engrais organiques. Dans cet article, il sera question de présenter les 11 entrepreneurs qui capitalisent sur le potentiel du secteur.

Exploiter le potentiel de l’agrobusiness pour la prospérité de l’Afrique

Le potentiel agricole de l’Afrique et sa croissance économique est de l’ordre de cinq pour-cent en moyenne sur les dernières années. Malgré cela, son mode de croissance ne semble pas être durable à moyen et long termes. Le PIB est essentiellement fondé sur les exportations de pétrole, de minéraux et de produits de base agricoles. Sa croissance, impliquant peu ou pas de transformation, n’a pas conduit à une réduction soutenue de la pauvreté. D’où la nécessité d’emprunter une trajectoire alternative valorisant les ressources naturelles. Une trajectoire utilisant également des procédés de production innovants afin d’accélérer une croissance et un développement durable.

Cela semble passer par l’agrobusiness qui a su faire ses preuves dans la création de richesse en Afrique ces dernières années. La mise en œuvre d’un processus de transformation rurale semble nécessaire pour accroître la valeur économique des produits de base agricoles. Et également créer des perspectives d’emploi non-agricole dans des différents domaines. À savoir la transformation après récolte, la logistique, la finance, la commercialisation et la gestion de la qualité.

Voici donc les 11 entrepreneurs sélectionnés qui profitent de l’agrobusiness en Afrique

Une sélection de 11 entrepreneurs ont été interrogés par How we made it in Africa. Ils auraient capitalisés sur le potentiel agrobusiness au cours des six derniers mois en Afrique.

1.    Leticia Osafo-Addo : commercialiser une sauce au poivre locale devient une entreprise alimentaire cotée au Ghana

Il y a vingt-huit ans, Leticia Osafo-Addo est retournée dans son Ghana natal. Ceci après des études d’anesthésiste et de thérapeute en soins intensifs en Allemagne. Cependant, elle n’est jamais entrée dans le domaine médical. Elle a plutôt choisi une voie différente, la production d’une sauce au poivre locale : le shito.

L’idée lui serait venue après qu’elle ait reconnu la lacune commerciale de cette sauce locale sur le marché. La sauce Shito est utilisée comme ingrédient principal dans de nombreux plats populaires du pays.

2.    Akwasi Osei-Bobie Ansah : transformer les déchets de cacao en engrais organique au Ghana

Akwasi Osei-Bobie Ansah avait obtenu un diplôme d’enseignant après l’école, mais s’est toujours davantage intéressé à l’agriculture.

Retourner dans le village où ses parents avaient leurs champs, il avait observé des rendements plus élevés dans certaines zones. Des zones où les coques de cacao étaient laissées à se décomposer. Akwasi s’est rendu compte que ce déchet du plus gros produit d’exportation du Ghana pouvait être utilisé. Utiliser pour fabriquer un compost organique ou un engrais.

Aujourd’hui, les produits de Farmers Hope sont vendus au Ghana et au Burkina Faso. À savoir l’engrais organique d’origine (nommé Asaase Nofosuo) et un pesticide et fongicide organiques.

3.    Abdulai A. Dasana tire parti de la demande croissante de superaliments : le fonio au Ghana

Parmi les consommateurs soucieux de leur santé, le fonio gagne en popularité en tant que superaliment. Cette ancienne herbe est cultivée en Afrique de l’Ouest et produit de petites céréales nutritives. Le fonio est riche en acides aminés, en protéines, en fer et sans gluten. Il possède également un faible indice glycémique qui le rend adapté aux diabétiques et est résistant à la sécheresse. Il peut pousser sans le support d’engrais et restitue la matière organique dans le sol en jachère. Au Ghana, Abdulai A. Dasana et Salmal Abdulai, fondateurs du groupe, ont reconnu le potentiel de la culture en 2012.

AMAATI est une entreprise sociale ghanéenne qui a permis le redémarrage de la culture du fonio dans le Nord-Ghana. Elle a ainsi créé des moyens de vie durables pour les femmes, agricultrices. Les terres de celle-ci ont été dégradées par un usage excessif. Débutée en 2014, l’entreprise a accompagné 10 femmes n’ayant plus de terres. L’entreprise leur a créé un système de gestion qui permet la régénération des terres et leur utilisation pour d’autres cultures.

Le PDG et chef d’exploitation d’AMAATI, Abdulai A. Dasana, est un technicien agricole. Il a travaillé pendant une dizaine d’années dans le secteur bancaire-financier et a une bonne connaissance des PME. Il a pour ambition de révolutionner le secteur agricole au profit des plus vulnérables. Ainsi, on retrouve dans les objectifs de développement stratégique d’AMAATI la lutte contre la pauvreté, contre la faim. Il objective aussi des actions en faveur du climat.

4.    Timi Oke et ses partenaires : le marché international des fleurs d’hibiscus du Nigeria

Timi Oke est le cofondateur de l’entreprise nigériane de commerce d’exportation AgroEknor. Il explique que : « L’hibiscus biologique est cultivé en Afrique principalement au Nigeria, au Burkina Faso et au Soudan. Lorsque nous avons commencé, il y avait beaucoup de restrictions commerciales au Soudan. Ils étaient en pleine guerre civile. Essentiellement, il y avait un écart d’approvisionnement mondial ».

Oke savait également que les grands producteurs d’hibiscus du nord du Nigeria étaient incapables de faire sortir leurs produits du pays. Et pourquoi ? Parce que les commerçants locaux ne voulaient pas faire face à la tension et aux troubles dans la région. C’était une lacune sur laquelle AgroEknor pouvait capitaliser.

5.    Kola Adeniji : industrialiser l’agriculture au Nigeria

Au début des années 90, Kola Adeniji a quitté son emploi chez Guinness Nigeria pour créer sa propre entreprise, Niji Lukas. Ce service d’ingénierie mécanique vise à résoudre certains des problèmes de transformation rencontrés par les fabricants de produits alimentaires dans le pays.

Trente ans plus tard, Adeniji a étendu cette entreprise au groupe diversifié Niji avec diverses filiales. Bien que ces dernières fabriquent des équipements de transformation agroalimentaire, elles sont aussi impliquées dans la transformation des aliments. Même l’agriculture, l’assemblage de tracteurs, la formation agricole et l’hôtellerie ne manquent point aux tâches.

Grâce à Niji Foods, le groupe a la capacité de transformer 100 tonnes de manioc par jour. Cette filiale de transformation agroalimentaire exerce dans une usine intégrée de transformation du manioc. Ceci près de sa ferme de 4 000 acres à Ilero, dans l’État d’Oyo, au sud-ouest du Nigeria.

6.    Abubakar Sadiq Falalu : transformation du riz au Nigeria

La pandémie de Covid-19 a apporté de nombreuses leçons et défis aux entrepreneurs. Pour le Nigérien Abubakar Sadiq Falalu, la crise sanitaire a permis d’affirmer une chose : il est dans le bon métier. Pandémie ou pas, les gens doivent manger.

Falalu, 31 ans, dirige une entreprise de production et d’usinage du riz dans l’État de Kaduna, au nord du Nigeria. Sa société FaLGates Foods cultive, transforme, conditionne et vend du riz étuvé à sa clientèle majoritairement nigériane.

7.    Margaret Komen : capitaliser sur l’exportation des piments du Kenya

C’est en 2002 que Margaret Komen a décroché son premier client d’exportation pour la poudre de piment oiseau d’Afrique du Kenya. Ce qui rend cet exploit remarquable, c’est qu’à l’époque, Komen 25 ans n’avait pas de société enregistrée pour l’exportation prévue. Elle ne savait pas non plus où elle allait se procurer les piments nécessaires à la production de la poudre. Elle n’avait également aucun capital de démarrage, aucune installation de transformation et aucune expérience en tant que propriétaire d’entreprise.

Mais au fil du temps, la société est devenue un acteur majeur dans le monde. Ceci grâce à des clients en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Portugal, aux Pays-Bas et en Corée du Sud. Elle exporte actuellement cinq variétés de piment séché en vrac à de nombreux clients. Ces derniers viennent de l’industrie pharmaceutique et alimentaire en Europe et en Asie du Sud-Est.

8.    Cosmas Ochieng, PDG de EcoFix Kenya : transformer la noix de croton négligée en culture de rente

On retrouve l’arbre de croton, grand et feuillu en Afrique orientale et australe. Il est le plus souvent utilisé comme bois de chauffage et charbon de bois. D’autres voyaient plus de valeur dans l’abattage des arbres, mais Cosmas Ochieng, PDG de EcoFix Kenya se diffèrerait du lot.

En effet, Cosmas Ochieng a créé une entreprise transformant les noix en biocarburant. Également en divers autres produits à valeur ajoutée tels que les engrais, les aliments pour animaux et les cosmétiques.

9.    La société de négoce Zatwa : exportateur de noix de coco de Côte d’Ivoire vers l’Europe

La société de négoce Zatwa vend des noix de coco ivoiriennes à des clients à l’étranger. C’est l’un des cinq premiers exportateurs de noix de coco en Côte d’Ivoire. Cette société expédie 20 conteneurs chaque mois vers une quinzaine de pays.

Zatwa a augmenté son chiffre d’affaires de 100 000 € en 2017 à 1,5 million d’euros en 2020. Ses yeux sont désormais fixés sur la transformation des matières premières. Ceci afin d’obtenir le plus de valeur plutôt que sur le commerce uniquement de matières premières non transformés.

10.Mahmud Johnson : produits de santé et de beauté à base de palmier à huile au Liberia

J-Palm est une entreprise agroalimentaire fondée par Mahmud Johnson au Liberia en juin 2013. L’entreprise soutient les petits agriculteurs qui récoltent les fruits des palmiers à huile naturels dans leurs communautés pour l’huile produite.

L’entreprise achète à la fois l’huile de palme et les amandes restantes en tant que sous-produit. Elle transforme ensuite les amandes en huile de palmiste pour sa gamme de produits grand public sous la marque Kernel Fresh. À savoir savons, hydratants et après-shampooings. Cette entreprise regroupe également l’huile de palme brute achetée aux petits agriculteurs pour la revendre aux détaillants.

11.Eben Ngula : produire de la farine à partir du mil cultivé dans le nord de la Namibie

Mahangu est un mil chandelle rustique et résistant à la sécheresse (une céréale appartenant à la famille des graminées). L’entrepreneur Eben Ngula a quitté son emploi et est rentré chez lui pour démarrer une entreprise agroalimentaire. Il savait que la majorité des villageois ruraux vendaient aux meuniers locaux des excédents de mahangu pour faire de la farine.

« Après la récolte, ils ont toujours du grain entreposé tout au long de l’année. J’ai réalisé que la disponibilité ne serait pas un problème pour une entreprise de meunerie », explique Ngula. Alors qu’il était directeur de production pour la Namibia Grape Company dans le sud du pays, Ngula a conceptualisé et planifié son entreprise. En juin 2020, il a fondé African Grain Millers.

L’agrobusiness : transformer la vie rurale pour créer des richesses

La contribution de l’agriculture au passé, au présent et à l’avenir de l’économie africaine ne pourra jamais être assez soulignée.

L’intégralité de la chaîne de valeur bénéficie d’une révolution agro-industrielle dans le secteur agricole. Cette dernière a dans une certaine mesure réduit le taux de chômage et ravive notre espoir d’atteindre la sécurité alimentaire en Afrique. Nous avons observé une transition d’autres secteurs de l’économie mondiale vers l’agrobusiness. Et ceci parce que les sociétés de capital-risque voient désormais un important potentiel dans le secteur agricole.

Les sociétés africaines de capital-risque doivent profiter de cette révolution de l’agrobusiness. Ils doivent investir dans les petits exploitants avec des innovations commerciales viables pour soutenir le développement de la chaîne de valeur.

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