Le business de la fraise : l’Afrique de l’Ouest traine les pas

Business fraise Afrique

Le business de la fraise est-il possible en Afrique de l’Ouest? Dans l’inconscient collectif, la fraise est un fruit produit principalement en Europe, en Amérique et en Asie. En Afrique, aujourd’hui, la fraise n’est plus un fruit de luxe inaccessible. En effet, sa plus grande production est assurée par cinq pays africains : le Maroc, la Tunisie, le Kenya, le Burkina Faso et le Sénégal. Si pour certains cela est un bon décollage, l’Afrique de l’Ouest, elle, tarde à démarrer ce business. Voici pourquoi !

Avant d’aller dans les détails, sachez que le fraisier est une plante originaire d’Amérique du Sud. C’est une plante de type vivace, stolonifère, et ses feuilles mesurent 10 à 15 cm de haut. Cette plante aux nombreuses vertus thérapeutiques fait partie de la famille des rosacées (Rosaceae). C’est un cousin du rosier, mais aussi de l’ensemble des arbres fruitiers comme les pommiers, les cerisiers, les pruniers, les pêchers, etc.

Que peut-on donc faire avec les fraises ? La fraise est le fruit qui contient le plus de vitamine C. Elle renferme 6 à 9 % de sucre seulement. C’est un remède naturel à la constipation, qui favorise la fortification des os et des dents. La fraise se consomme crue ou cuite. Il existe une centaine de recettes de cuisine à base de ce fruit dont les plus connues sont : la mousse ultra légère aux fraises, la charlotte aux fraises, le Bavarois aux fraises, le Tiramisu aux fraises, la tarte aux fraises, la Pavlova aux fraises, le sablé au citron et fraises, le LAYER Cake aux fraises, etc.

Le business de la fraise en Afrique de l’Ouest

Dans les pays d’Afrique subsaharienne, la culture de la fraise est un grand défi. Seuls deux pays de cette région d’Afrique sont reconnus comme des producteurs à l’international : Sénégal et Burkina-Faso.

Au Burkina-Faso, la production de la fraise est un business rentable

Le Burkina Faso est le 4e pays producteur de fraise en Afrique. Au barrage de Boulmiougou, quartier situé à la sortie Ouest de la ville de Ouagadougou, il n’y a que de l’eau à perte de vue. Aucune culture de fraises n’est visible. Pourtant, c’est de là que vient une grande partie des fraises vendues à Ouagadougou et en Afrique.

En cherchant les cultures de fraises autour du barrage, se trouve Gilbert BONKOUNGOU : un producteur de fraises. Il explique que la culture des fraises prend plusieurs mois. La première étape consiste à la préparation des jeunes plants de fraisiers par les pépiniéristes. Ensuite, vient la préparation des sols qui intervient bien avant la saison des pluies. Les fraises sont disponibles sur le marché entre janvier et avril. Selon ce dernier, beaucoup de Burkinabè pensent que les fraises commercialisées au Burkina sont importées. Pourtant, c’est une production entièrement nationale.

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De quoi a-t-on besoin pour réussir la culture de la fraise ?

Saïdou Jean-Paul SIMPORE, président de la coopérative des maraîchers de Boulmiougou a expliqué que la fraise peut se cultiver en sol tout comme hors-sol. Pour la production en sol, le fraisier s’accommode de la plupart des sols à condition qu’ils soient perméables. Le fraisier ne se développe pas dans les zones inondées. La terre idéale est meuble, profonde et à tendance acide. Pour Saïdou, pour réussir la culture de la fraise, il faut essentiellement cinq choses : la terre, les jeunes plants, de l’eau en abondance, des fertilisants et du temps pour faire le suivi

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Pour la production hors-sol, les fraisiers sont plantés dans des bacs ou dans des sacs contenant de la terre, des substrats végétaux ou minéraux.Selon les producteurs, la fraise burkinabè est produite dans des conditions naturelles avec une utilisation très réduite de produits chimiques. Ce qui fait qu’elle a un goût sucré, et est beaucoup prisée aussi bien par les consommateurs nationaux que internationaux.

Le marché des fraises

Environ 136 kilos de fraises sont produits par seconde dans le monde, soit plus de 4,3 millions de tonnes par an. La production de fraises est concentrée sur deux pays : Etats-Unis et Espagne.

En 2017, Africanews estimait à 100 tonnes la quantité des fraises produites au Burkina Faso, par an. Saïdou SIMPORE, confie également que la culture de la fraise nourrit bien son homme. Il affirme que selon les périodes, le kilogramme peut être vendu entre 3 000 FCFA et 10 000 FCFA. « Nos exportations à destination de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Ghana sont les plus rentables », explique-t-il. Il ajoute que certaines vendeuses de ces fruits ont pu s’autonomiser financièrement.

Au centre-ville, à une centaine de mètres du fret de l’aéroport international de Ouagadougou, se trouvent des vendeuses de fruits. Sur les étals, pas de fraises, si ce n’est pas la période. Ces revendeuses confient qu’elles s’approvisionnent avec les producteurs de Boulmiougou. Djénéba, vendeuse de fruits depuis trois ans, affirme faire des bénéfices intéressants sur les fraises lorsque c’est la période. Son activité lui a permis de faire un ensemble de réalisations dont : l’acquisition d’une parcelle en zone non lotie, l’achat de sa motocyclette, la scolarisation de ces deux enfants et la gestion des charges quotidiennes.

La culture de la fraise au Sénégal : vers une production croissante

Sur le sol sénégalais, dans les zones de Thiès et des Niayes, de jeunes entrepreneurs se sont spécialisés dans la culture du fraisier. Ceci grâce au développement de nouvelles techniques de production et à l’introduction de nouvelles variétés.

Au Sénégal, la fraise représente une innovation. Il a été démontré qu’il était possible de produire des fraises naturelles et sucrées au Sénégal durant la période chaude. La culture de fraise se fait sur différents axes, plus précisément dans les régions de Thiès, Mbour, Saint-Louis et dans la zone des Niayes. Elle se fait durant le mois d’octobre qui coïncide avec la période de chaleur au Sénégal (32 à 33 degrés). Des pratiques culturales ont été initiées pour permettre le développement de ses fraisiers durant cette période.

Beaucoup de personnes ignorent la production de la fraise bio, le Sénégal est l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest qui proposent des fraises 100 % bio et sucrées. Environ 8 tonnes de fraises ont été produites pour l’année 2019 et la chaîne de distribution indique qu’il y a une forte demande. Selon les périodes, le kilogramme peut être vendu entre 3 000 FCFA et 10 000 FCFA.

Une organisation pour la promotion de la culture de la fraise

Afin de répondre à la demande de plus en plus importante et d’avoir une maîtrise sur le prix de vente, un réseau a été créé. Ce dernier, dénommé « Fraisen », regroupe tous les producteurs de fraises en Afrique et a été créé en 2017. Ses objectifs sont : la valorisation du consommé local, la promotion de la culture de fraise en Afrique et à terme de disposer d’une large gamme de produits avec une maîtrise totale du processus de production.

Aujourd’hui, 75 % des fraises consommées au Sénégal sont importées. Le réseau « Fraisen », qui regroupe actuellement neuf pays membres, veut réduire considérablement la facture des importations de fraise en Afrique estimée aujourd’hui à plus 90 milliards de franc CFA.

La transformation de la fraise

La transformation est surtout artisanale. Moins de 5 % de la production sénégalaise de fraises est transformée annuellement. Elle se fait à petite échelle chez certains agro-transformateurs qui produisent de la confiture, du sirop à base de fraise, du jus et de la boisson. Il arrive souvent que la fraise soit mélangée avec d’autres fruits.

La recherche et l’innovation au service de cette activité

Au cours des dernières années, la culture de fraise a bénéficié de nouvelles techniques de production et l’introduction de nouvelles variétés. Les techniques de production hors-sol et/ou sous abri ont permis d’augmenter la qualité et les rendements tout en luttant contre les insectes, les maladies et les mauvaises herbes. La culture de fraise sous serre a été une réussite pour le Sénégal en 2017.

D’autres techniques sont en cours d’expérimentation comme la culture en butte sous mini-serre. Des recherches ont également permis d’initier la culture de la fraise bio, c’est-à-dire sans l’usage de produits phytosanitaires.

Le fort potentiel d’exportation de la fraise

Certaines entreprises se sont lancées dans la production de plants afin d’en fournir à d’autres producteurs. Il le font également éventuellement d’en exporter pour répondre à une demande grandissante de plants performants et de qualité.

Grâce au développement de la production, le Sénégal pourrait augmenter ses parts de marchés en exportant des fraises. Ces pays de destination seraient les Etats-Unis, l’île Maurice, le Bénin, le Ghana, le Cameroun et l’UE.

Le projet de ZLECA (zone de libre-échange continentale africaine) signé par 52 États sur les 55 pays membres de l’UA dont le Sénégal. Par conséquent, ce projet constitue un potentiel marché d’exportation de la fraise.

Les problèmes que rencontre la culture de la fraise au Sénégal

La fraise est désormais bien établie au Sénégal. Les producteurs peuvent maintenant espérer l’exporter davantage.

Cependant, plusieurs problèmes affectent la production. Nous pouvons citer le manque d’eau, le phénomène du changement climatique, l’accès difficile aux terres et les problèmes liés à la main-d’œuvre. En réglant tous ces problèmes, la production pourrait ainsi doubler, voire tripler.

Parallèlement, les impacts sur l’environnement et la santé publique liés à l’utilisation des pesticides demeurent le principal sujet de préoccupation pour l’industrie.

Décoller le business de la fraise dans les pays de l’Afrique subsaharienne : défis à relever

Étant donné que la consommation mondiale de fraises est en hausse, la culture de ce fruit en Afrique de l’Ouest serait donc une manne pour les entrepreneurs agricoles.

Mais avant cela, ils doivent relever ces défis :

  • Renforcer les connaissances et les compétences des producteurs dans le domaine de la culture des fraises ;
  • Développer de nouveaux marchés internationaux ;
  • Travailler à la transformation sur le plan local en allant vers le congelé et les conserves ;
  • Développer un label « made in Afrique » à travers entre autres la qualité des productions et le packaging.

Culture de la fraise en Afrique de l’Ouest : un business rentable à prendre en compte

On a tendance à croire que la culture des fraises ne marcherait pas en Afrique. Mais l’expérience au Sénégal et au Burkina Faso est des preuves pour démontrer que cela est réalisable. Pour que l’Afrique de l’Ouest ne traîne plus les pas, il faut que les entrepreneurs agricoles s’orientent de plus en plus vers cette culture.

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