L’incroyable itinéraire de Patrice Talon : du monde des affaires au palais de la Marina

L’incroyable itinéraire de Patrice Talon

L’actuel locataire du Palais de la Marina au Bénin est une personnalité unique en son genre qui entend faire du Bénin un dragon d’Afrique dans les années à venir. Le président de la République du Bénin a entrepris de nombreuses réformes socio-économiques pour bâtir un environnement d’opportunités et de bien-être pour ses compatriotes. 

Pour devenir président de la République, Patrice Talon a emprunté un chemin atypique. C’est dans le monde des affaires que le natif d’Ouidah a fait ses armes avant de basculer dans l’arène politique. Grâce à son flair, Talon est rapidement devenu l’une des personnalités les plus influentes du monde des affaires béninois. Il a notamment construit un vaste empire dans le secteur du Coton, ce qui lui a permis de prendre la tête du classement des hommes les plus riches du Bénin.

Patrice Talon, le reflet de l’audace

L’homme de 64 ans n’a bénéficié d’aucun héritage pour arriver là où il en est. L’actuel président a posé pierre par pierre les fondements de sa réussite économique dont la genèse remonte à ses années de collège avec la création d’une petite entreprise de vente de pièces détachées. Le jeune Talon avait pour ambition de devenir pilote de ligne et la défunte Air Afrique lui avait présenté une opportunité. Malheureusement, le magnat du coton ne sera pas retenu pour inaptitude moteur. Voyant son objectif de devenir pilote s’écrouler, le jeune Talon passe par une période difficile, mais il va se remobiliser rapidement pour dénicher une nouvelle opportunité et se projeter.

On pouvait déjà se faire une idée sur le mindset du futur président de la République. Il a analysé son environnement et le contexte économique de l’époque pour se lancer dans la commercialisation d’emballages et de produits agricoles. Celui qui est aujourd’hui considéré comme l’un des hommes les plus riches d’Afrique de l’Ouest va engranger très tôt des bénéfices importants qu’il va réinvestir dans le domaine du coton. C’est ainsi qu’il fonde en 1985 la Société de distribution intercontinentale (SDI), structure qui livre des produits agricoles aux producteurs de coton.

En entrepreneur avisé et très audacieux, Patrice Talon obtiendra rapidement ses premiers marchés et il basculera définitivement dans une autre dimension aux débuts des années 90 avec l’arrivée au pouvoir de Nicéphore Soglo. Ce dernier souhaite donner un nouveau souffle au secteur cotonnier pour en faire un pilier de l’économie nationale. Patrice Talon flaire alors un bon coup pour participer au processus d’industrialisation de la filière coton. L’homme d’affaires obtient ainsi un agrément exclusif lui permettant la création de trois usines d’égrenage d’une capacité de 25000 tonnes chacune.

Cotton King révolutionne la filière coton du Bénin

À partir de cet instant, Talon devient « Cotton King (roi du Coton)». La sphère d’influence du magnat du coton va ensuite s’étendre à toute l’Afrique de l’Ouest avec des filiales au Burkina Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Mali. La force de frappe de Cotton King est sans pareil, mais il connaîtra une période très délicate à la fin des années 90 lorsque Mathieu Kérékou va succéder à Nicéphore Soglo. Kérékou qui a une vision plutôt capitaliste va ouvrir domaine agricole à la libre concurrence.

Cinq nouveaux opérateurs feront ainsi leur entrée dans la filière cotonnière pour essayer de gratter un peu des parts de marché des entreprises de Patrice Talon. Cependant, comme il sait si bien le faire, Cotton King va s’adapter pour passer cette période de turbulence et rebondir de nouveau au début des années 2000 avec l’élection de Thomas Yayi Boni à la tête du Bénin. Le président Boni voit en Talon une personnalité pétrie de talent qui peut apporter beaucoup à l’économie nationale. 

Le roi du coton s’intègre alors dans la nouvelle stratégie économique de l’ancien directeur exécutif de la Banque ouest-africaine de Développement (BOAD). Talon renforce sa capacité d’opération et il devient le plus important acteur économique du Bénin. L’homme d’affaires sera confronté à une nouvelle traversée du désert au début des années 2010. Le climat devient délétère avec le pouvoir Yayi Boni. Les affaires de Talon sont bloquées et en 2012, il a maille à partir avec la justice.

Patrice Talon, président de la république

Cotton King perd de nombreux contrats et sa réputation prend un gros coup. Face à cet horizon qui s’assombrit, l’homme d’affaires prend le chemin de l’exil pour la France où il mène divers combats judiciaires. Il sera lavé de tout soupçon et l’enfant prodigue va effectuer un nouveau come-back tonitruant. Après quatre ans d’exil, Patrice Talon est prêt à marquer de nouveau les esprits tel un phénix qui renaît toujours de ses cendres.

Cette fois, Cotton King ne souhaite pas écrire une nouvelle page de l’économie de son pays, il veut tout simplement devenir président de la République. Il met en place une stratégie audacieuse de conquête du pouvoir et part à l’assaut de l’élection présidentielle de 2016 avec son slogan « Nouveau départ ». Il va se livrer un mano à mano avec Lionel Zinzou, le poulain de Yayi Boni pour remporter le scrutin et devenir président de la République.

 Les chantiers de l’homme d’État

Dans son costume de chef de l’État, Patrice Talon ambitionne de faire du Bénin une référence ouest-africaine. Pour mettre en exécution sa vision, il lance un programme d’action quinquennal de 9000 milliards de francs CFA qui prend en compte le volet socio-économique et politique. Patrice Talon est alors lancé. Le locataire du palais de la Marina détonne par son style et sa gestion du pouvoir d’État.

Il mise sur le travail, l’intégrité, le sens de l’État, la justice, la vision pour bâtir un pays pour bâtir un pays qui va relever les défis du développement durable. Dans sa gestion, tout n’est pas rose et différents couacs sont enregistrés çà et là. Le président de la République en tire des leçons pour améliorer sa gouvernance. Le parcours de Patrice Talon a connu de nombreux rebondissements.

Du monde des affaires à la présidence de la république, il est plusieurs fois tombé, mais il a toujours su se relever, s’adapter et profiter des opportunités du moment. Il a actionné les leviers de la chance grâce à son audace, ses prises de risque et sa vision. À bien y voir, la frontière entre un entrepreneur et un président de la République est mince, car les deux seront toujours amenés à prendre des décisions contraignantes pour faire émerger des opportunités.

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