Le 04 juillet dernier, au cours d’une adresse à la nation, Macky Sall, le président du Sénégal a indiqué qu’il ne se présentera pas un 3e mandat à la tête de son pays. Cette annonce du dirigeant de 62 ans est venue décrisper un peu le climat de tension socio-politique qui régnait au Pays de la Teranga depuis plusieurs mois maintenant. En effet, Macky Sall maintenant le mystère sur sa volonté de briguer un nouveau mandat présidentiel.
Nombreux de ses partisans avaient organisé des marches de soutien pour lui demander de se présenter en 2024. Arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall, qu’on l’aime ou pas, a réalisé de belles avancées à la tête du Sénégal. Certes, tout n’est pas rose, mais le président sénégalais a su mettre assez de volonté pour faire de son pays une nation qui compte en Afrique.
Connaissez-vous vraiment Macky Sall ? Au-delà de l’homme politique, il est un homme de science et un grand passionné de voitures de collection. Dans cet article, Africaiswealth vous amène à la découverte de la première personnalité de l’État sénégalais.
Sommaire de l'article
Macky Sall, itinéraire d’un homme d’État
L’opposition sénégalaise soupçonnait Macky Sall de préparer un plan de modification de la constitution pour se représenter. C’est ainsi que des partis de l’opposition politique ont organisé des manifestations pour dénoncer tout éventuel projet de modification de la constitution. Des milliers de personnes ont répondu à l’appel de l’opposition et des marches de contestation furent enregistrées dans tout le pays.
La situation est devenue encore plus volatile avec l’affaire Ousmane Sonko, une des personnalités politiques les plus populaires du Sénégal. Ousmane Sonko est actuellement confronté à des démêlés avec la justice et sa participation à la prochaine présidentielle est fortement remise en cause.
Le leader du PASTEF crie à une machination politique qui a pour seul objectif de l’écarter de la course à la présidentielle. C’est dans ce climat pesant que le président a annoncé qu’il ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle. Macky Sall vit le jour le 11 décembre 1961 à Fatick (Ouest).
Issu d’une famille de quatre enfants, le jeune Macky Sall va passer une grande partie de son enfance entre les régions de Fatick et de Fouta (Nord). Le pays de la Teranga est un merveilleux pays avec une richesse culturelle incroyable. On y rencontre diverses communautés qui cohabitent en parfaite symbiose depuis des millénaires.
À la vue de cette richesse culturelle, on peut être amené à se poser la question suivante : “Macky Sall est de quelle ethnie ?” Le père du natif de Fatick se nomme Amadou Abdoul Sall et sa maman, Coumba Thimbo. Ses deux parents peuls exercent la profession de manœuvre à la fonction publique et commerçante.
Le futur président a grandi dans un environnement vertueux imprégné par de fortes valeurs.
En ce qui concerne son ethnie, Macky Sall est le mieux placé pour en parler. Voici ce qu’il dit dans sa biographie : “Modeste, ma famille était vigoureusement dévouée aux valeurs chères à notre lignée : culte de l’effort, de la droiture, du courage, et de la retenue.(…)Je suis par mon père issu de la lignée des Sall, dont la généalogie est encore jalousement entretenue par la grande famille de griots, nos historiens. Ma mère, quant à elle, est originaire du village de Nguidjilone. Ses ancêtres venaient du village de Néré, situé dans l’actuel territoire de la Mauritanie, au nord de Diffane, dans les terres du Walo du Bosséa. C’étaient des Thimbo, éleveurs traditionnels”.
En 2012 au cours d’un entretien médiatique, il ajoutera ceci : “Je suis un Sénégalais de synthèse, un Pulaar de culture sérère”.
Macky Sall, le scientifique qui écoutait Alpha Blondy
C’est à Fatick que Macky Sall va faire une grande partie de son cursus primaire. Il y décrochera son examen d’entrée en sixième. Le jeune Macky poursuit ses études secondaires dans un collège d’enseignement général. Alors qu’il a une quinzaine d’années, Macky Sall découvre son premier contact avec la politique en lisant des ouvrages qui font cas des grands personnages qui ont façonné la politique. Il tombe vite amoureux de Lénine. Voici comme le virus de la politique va germer dans la tête du jeune sénégalais.
Macky Sall passe ses années de lycée loin du cocon familial. Il apprend à se débrouiller avec ses camarades et choisit d’évoluer en “Série C” une filière purement scientifique, dans laquelle le jeune Macky va exceller. En 1982, il décroche avec brio son Baccalauréat. Le jeune étudiant va s’inscrire à l’Université de Dakar. Il va très vite devenir un talent de l’Institut des Sciences de la Terre (IST) de Dakar. La suite de son parcours universitaire va s’écrire en France à l’Institut Français du Pétrole (IFP) de Paris. Malgré son attrait pour les sciences, Macky Sall avait les mêmes hobbies que les jeunes de son âge. On est loin des clichés entourant les étudiants en sciences.
Comme il l’a dit lui-même dans sa biographie, il avait formé une joyeuse bande à l’Université avec laquelle il profitait de la vie. Le pensionnaire de l’IST de Dakar était aussi un grand fan d’Alpha Blondy et il connaissait par cœur le titre “Brigadier Sabari’’ de la légende du Reggae. “Les années 1980 étaient aussi bouillonnantes de styles musicaux les plus divers, dans l’espace du campus universitaire de Dakar (… ). Et puis ces belles années universitaires ont aussi laissé leur trace. J’ai été membre d’une fratrie inséparable, de celle que le temps n’efface pas. La mienne était drôle, sans malice, sans pacte secret, nul désir de conquérir le pouvoir, pas de ‘’Si j’étais président de la République…’’ Non, juste la ‘’bande à Sandrine’’. Quatre copains du pavillon H du campus universitaire de Dakar, quatre jeunes garçons tombés sous le charme d’une jeune étudiante prénommée Sandrine. Ces quatre étudiants avaient décidé de ne pas briguer les faveurs de la belle, de ne pas entrer en compétition pour elle. Ils ont formé la bande à Sandrine” peut-on lire dans un extrait de la biographie.
Les grands débuts de Macky Sall en politique
Grâce aux compétences qu’il va acquérir, Macky Sall va devenir ingénieur géologue puis géophysicien. Une brillante carrière l’attend et les opportunités se présentent à lui très vite. C’est au milieu des années 80 que Macky Sall va sauter pied joint dans le monde de la politique en adhérent au PDS (Parti Démocratique Sénégalais) de l’opposant historique, Abdoulaye Wade.
Le natif de Fatick gravit rapidement les échelons au sein du PDS pour en devenir l’une des figures de proue. Il devient un très proche collaborateur d’Abdoulaye Wade. Ce dernier a vu en Macky Sall un leader avec des idées novatrices. En 2000, Abdoulaye Wade est élu président de la République et dans le même temps, Macky Sall est nommé directeur général de la PETROSEN (Société des pétroles du Sénégal).
Il est par ailleurs conseiller spécial du président de la République, chargé de l’Énergie et des Mines, d’avril 2000 à mai 2001. Les choses s’accélèrent par la suite et Macky Sall va occuper tour à tour des postes importants que vous pouvez découvrir ci-dessous :
- Mai 2001 à novembre 2002 : ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique
- Novembre 2002 à août 2003 : ministre d’État, ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique dans le Gouvernement dirigé par Mame Madior Boye
- Août 2003 à avril 2004 : ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte-parole du Gouvernement d’Idrissa Seck
- Avril 2004 : Vice-président du comité directeur du PDS
- 21 avril 2004 au 19 juin 2007 : Premier ministre
- 20 Juin 2007 : élu président de l’Assemblée nationale
La marche vers la présidence de la République
C’est à partir de 2007 que Macky Sall va entrer en disgrâce avec Abdoulaye Wade. Les deux hommes ne voient plus les choses sous le même angle. Ainsi donc, le 9 novembre 2008, Macky Sall démissionne du PDS et fonde avec d’autres dissidents du PDS, l’APR ( Alliance Pour la République). La nouvelle formation politique s’installe très rapidement aux quatre coins du Sénégal.
Avec son profil, Macky Sall est considéré comme le chef de file de la nouvelle génération de politiciens sénégalais. Lors de l’élection présidentielle de 2012, l’ancien président de l’Assemblée nationale se présente contre son ex-mentor, Abdoulaye Wade. Macky Sall va mener une campagne autour de son slogan “La voie du véritable développement”. Il arrive en deuxième position du premier tour, avec 26,58 % des voix contre 34,81 % pour Abdoulaye Wade. En fin stratège, Macky Sall parvient à obtenir le soutien de l’ensemble de l’opposition et remporte haut la main le scrutin présidentiel avec 65,80 % des voix. Voilà comment l’enfant de Fatick devient le 4e président de l’histoire du Sénégal.
Durant ce premier mandat, Macky Sall va mettre en place une batterie de mesures pour assainir les finances publiques et réduire le gaspillage des deniers publics au plus haut sommet de l’État. Il met également en place un soft power diplomatique qui permet au Sénégal de nouer des partenariats fructueux. Réélu en 2019 pour un deuxième mandat, Macky Sall initie plusieurs chantiers de développement dans le domaine des infrastructures, de l’énergie, des transports, des télécommunications, du sport.
Grand défenseur de la démocratie, il engage des réformes constitutionnelles pour renforcer l’idéal démocrate dans la vie de la nation. Macky Sall vit donc sa dernière année à la tête du pouvoir sénégalais. En 2024, il va passer le témoin à une autre personnalité.
Les 12 ans passés à la tête du Pays de la Teranga n’ont pas été de tout repos avec une succession de défis. Y a-t-il eu des insuffisances ? Oui, aurait-il dû agir d’une certaine façon devant une situation X ou Y donnée ? Certainement. Mais on peut être sûr du fait que le 4e président de l’histoire sénégalaise a essayé de donner le meilleur de sa version pour le bonheur de son peuple.
“Être un homme d’État, cela veut dire trancher, prendre des décisions, rendre des arbitrages, donc mécontenter une partie de ceux qui subissent le contrecoup de ces décisions (…) Les journées sont longues; je ne me couche jamais avant 2 ou 3 heures du matin, je suis à 9h30 au bureau jusqu’à 15 heure. Ensuite, je fais la pause-déjeuner et je me remets à la tâche vers 16 heures. Je reste à mon bureau jusqu’à 23 heures. Je ne me plains évidemment pas : c’est le prix à payer lorsqu’on se donne comme exigence de faire vraiment le job! Le pouvoir change-t-il ceux qui le possèdent ? M’a-t-il changé moi ? Je ne le crois pas.(…) Le pouvoir ne m’a pas changé et ne pourra plus le faire“, affirme le dirigeant sénégalais.
Macky Sall, les voitures de collection et son expérience politique
Le père de trois enfants pourra bientôt se reposer après avoir présidé à la destinée de millions de sénégalais. On imagine que l’époux de Marème Faye va dans un avenir proche pouvoir se consacrer à l’une de ses grandes passions à savoir les véhicules de collection. Saviez-vous que Macky Sall est membre du club des amateurs de voitures de collection du Sénégal ? Il possède une Mercedes Benz 200 édition 1968. Ce véhicule est l’un des modèles mythiques de la marque allemande.
Durant ces rares moments de congés, il se donne un peu de temps pour prendre soin de son bijou. L’histoire retiendra également que c’est sous le mandat de Macky Sall que le Sénégal a remporté pour la première fois de son histoire la Coupe d’Afrique des Nations de football en 2022. Durant tout ce temps passé dans le landerneau politique de son pays, Macky Sall a eu le temps d’acquérir une grande connaissance, de connaître par cœur ses différents acteurs et ses rouages.
Dans son livre biographique, il a évoqué sa collaboration avec Abdoulaye Wade et sa cohabitation parfois tumultueuse avec Karim Wade (fils de l’ex-président) et Idrissa Seck (ancien Premier ministre).
“Idrissa Seck est un homme à tendance autoritaire. Il y a des Premiers ministres plus ronds, plus consensuels ; Idrissa Seck est tranchant, il ne demande pas, il ordonne. Nous étions trois, les trois fils de Wade, ainsi que la presse nous avaient baptisés. Il y avait Idrissa Seck, le fils pressé, Karim Wade, le fils adoré, et puis moi, le fils discret. Karim avait pour lui les liens du sang, ce sont les plus forts. Mais je n’aurais jamais imaginé que son père, que j’admirais tant, aurait pu mépriser à ce point les lois de la République pour tenter d’instaurer une dynastie” a révélé Macky Sall.
Finalement c’est sans doute l’écrivain Cheikh Yérim Seck qui résume le mieux le parcours de Macky Sall à la tête du Sénégal à travers son livre intitulé : “Macky Sall face à l’histoire : passage sous scanner d’un pouvoir africain” où l’on découvre que malgré l’envie de bien faire, le dirigeant sénégalais sera confronté à la réalité du terrain et à la double facette de plusieurs personnalités de son environnement.
L’Afrique de l’Ouest est secouée par une instabilité politique qui a marqué l’arrivée au pouvoir de jeunes militaires au Mali, au Burkina Faso, en Guinée Conakry. Ces militaires prônent un discours anti-impérialiste qui séduit de nombreux jeunes africains sur le continent et notamment sur les réseaux sociaux. Sur ces mêmes plateformes sociales, Macky Sall et son homologue Alassane Ouattara ne rencontrent pas du succès auprès de cette jeunesse africaine qui les considère à tort ou à raison comme des relais de l’impérialisme.
Cependant, il y a une grande différence entre diriger avec des discours et des slogans pompeux et diriger avec pragmatisme et stratégie dans un monde où chaque État marche selon ses intérêts et à ce niveau on peut dire que Macky Sall a su faire la part des choses.
Comment Macky Sall prépare l’après 2024 ?
Quels sont les projets du dirigeant sénégalais après la présidence ? Pour le moment, il n’a rien livré sur l’après-présidence. L’avenir nous réserve des surprises. Et vous, que pensez-vous de Macky Sall ? Une personnalité qui ne laisse personne indifférent. Au vu des grandes fonctions qu’il a occupées, découvrez ci-dessous la liste des décorations de l’enfant de Fatick.
- Grand-croix de l’Ordre national du Lion
- Grand officier de la Légion d’honneur française
- Grand officier de l’Ordre de la Pléiade de la Francophonie
- Grande Croix de l’Ordre de l’Etat de Palestine
- Dr Honoris Causa Université d’Abomey Calvy, Bénin
- Dr Horois Causa Université Suisse UMEF Genève, Suisse
- Dr Honoris Causa, Université Pukyong de Busan, République de Corée
- Dr Honoris Causa Conservatoire des Arts et Métiers, (CNAM) France
- Membre honoraire de l’Académie Française des Sciences d’Outre Mer
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