Rencontre avec Taleb Kant, le présent et le futur du cinéma burkinabè

Kantagba Abdel Taleb, plus connu sous le nom de Taleb Kant fait partie d’une nouvelle génération de talents qui bouscule les codes et constitue de grands espoirs pour le cinéma burkinabè. Le jeune homme est l’un des acteurs les plus prometteurs du 7e art africain avec des rôles de premier plan qui lui ont valu la reconnaissance de ses pairs.

Au cours du récent Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO), Taleb Kant a été honoré avec l’ensemble de l’équipe de la série “De plus en plus loin” diffusée sur la chaîne cryptée Canal+. 

Le talentueux acteur nous a fait l’immense honneur de nous accorder un entretien au cours duquel il a abordé divers pans de sa vie. Accrochez-vous et allons à la découverte d’une personnalité hors du commun, qui vise très grand et qui a pour ambition d’amener le cinéma burkinabè très loin. 

Taleb Kant, le cinéma dans la peau, révélé par la série de “plus en plus loin”

Taleb est un pur produit du système burkinabè. Il affirme avoir foulé la terre de ses ancêtres en tant qu’acteur. En effet, le natif de Ouagadougou a une vision philosophique du métier d’acteur. Selon lui, chaque être humain joue un rôle dans le plus important des films qu’est la vie. Ainsi donc, l’être humain a le devoir d’interpréter à la perfection son rôle d’acteur dans cette vie pour justifier son passage sur terre. Quand on vous disait que le jeune homme était surprenant, vous comprenez maintenant ? C’est en 2012 que la carrière cinématographique de Taleb Kant va prendre son envol. 

Alors qu’il est encore un lycéen qui a des rêves plein la tête, Taleb obtient un petit rôle dans un long métrage qui est tourné à Bobo-Dioulasso. C’est la révélation pour le jeune homme qui voit naître une grande passion pour le cinéma. Les choses vont ensuite s’enchaîner à la vitesse grand V pour l’ancien pensionnaire du Lycée Municipal Vinama Thiémounou Djibril de Bobo-Dioulasso qui va bluffer son monde et enchaîner des rôles dans des courts et longs métrages. 

L’apogée arrive en 2021 avec la série événement “De plus en plus loin” de Canal+ où Taleb Kant interprète le rôle de “Léon”, personnage principal du film. “Cette aventure marque pour moi, le début proprement dit, de ma carrière cinématographique, car je me suis senti réellement faire du cinéma sur un plateau très professionnel” indique le virtuose des écrans. Grâce à ce rôle de premier plan, Taleb Kant bascule dans une autre dimension et comme il le dira lui-même, depuis la diffusion de la série sur la chaîne Canal+ Première, les propositions de films et de séries ne font que pleuvoir.

Que pouvait-on souhaiter de mieux à ce pur talent qui a eu l’audace de croire en son rêve !! La série  “de plus en plus loin” est un travail d’orfèvre qui traite de manière poétique, dramatique et absorbante la problématique de l’immigration clandestine en Afrique subsaharienne. Face au manque de perspectives dans son pays et désespéré par sa condition de vie, Léon décide de prendre une décision radicale, c’est-à-dire tenter la périlleuse traversée de la méditerranée pour espérer une vie meilleure en Europe. Le parcours sera terrible, chaotique, éreintant et Léon sera confronté à l’enfer de l’immigration clandestine depuis le désert libyen. 

Les passeurs, les désillusions, la mort qui rôde chaque jour, les conditions de vie très difficiles, le jeune Léon va vivre toutes sortes de péripéties en compagnie de son ami Ibra. Comment Taleb s’est approprié le personnage de Léon ? Selon l’acteur, l’intrigue du film l’a tout de suite parlé et en tant que jeune il comprenait ce que Léon ressentait. Léon est le visage d’une jeunesse africaine trop souvent laissée à elle-même en manque de repères, de perspectives d’avenir et qui a perdu foi en ses dirigeants. 

Un acteur engagé qui souhaite faire bouger les lignes 

Taleb estime qu’il est plus que temps que les dirigeants africains prennent leurs responsabilités vis-à-vis de la jeunesse du continent, une jeunesse talentueuse qui a juste besoin d’être guidée pour déployer son plein potentiel. Taleb Kant est également à l’affiche dans une autre série Canal+ qui va très certainement cartonner en ce début d’année 2023. Il s’agit “d’Épines du Sahel”, réalisé par le célèbre réalisateur burkinabè Boubakar Diallo. Ce film est comme une ode à l’actualité des pays du sahel ouest-africain notamment le Mali, le Niger, le Burkina Faso qui mènent une lutte de tous les instants contre l’hydre terroriste. 

Le talentueux acteur estime que le phénomène du terrorisme n’est qu’un prétexte pour des individus sans foi ni loi qui se cachent derrière le prisme de la religion et d’autres facteurs pour conforter leurs intérêts. La réalisation d’Épines du Sahel n’a pas été de tout repos. Le chemin fut parsemé d’embûches et Taleb a déclaré être certain qu’il y a eu des manœuvres souterraines pour bloquer le bon avancement de ce film. “J’ai un lourd pincement au cœur concernant ce projet de l’un des plus grands réalisateurs burkinabè. D’abord, j’ai la ferme conviction que ce projet a été saboté, de la préparation en passant par le financement jusqu’à la réalisation du film. Tout de même, “épine du Sahel” met à nue certaines réalités vécues au Burkina Faso”. Le scénario de cette œuvre cinématographique est époustouflant et montre les très dures réalités de la lutte contre le terrorisme, une hydre à plusieurs têtes qui se nourrit de la haine, du désespoir, du sentiment d’abandon, de rejet, de l’égoïsme, de la méchanceté, de la stigmatisation. 

À la question de savoir quel est le quotidien d’un acteur de cinéma, notre hôte du jour n’a pas livré de scoop. Il a juste indiqué que les acteurs ne sont que des êtres humains et leur quotidien est comparable à celui de monsieur tout le monde. Cependant, Taleb tient à préciser que lorsqu’il est engagé sur des projets cinématographiques, il prend le soin de se déconnecter de ses habitudes afin d’assimiler totalement le personnage qu’il doit jouer. 

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Entrepreneur, l’autre casquette de Taleb Kant 

En embrassant une carrière dans le cinéma, le phénomène burkinabè a pour ambition de marcher dans les pas de ces trois principaux modèles à savoir son mentor et coach Issaka Sawadogo, Fargass Assandé et son modèle par excellence le mythique Denzel Washington. Au cours de la 28e édition du FESPACO (Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou) qui a refermé ses portes le 5 mars dernier, le film “de plus en plus loin” a remporté le 2e prix dans la catégorie Série.

Une consécration amplement méritée pour une équipe qui a travaillé durant 6 mois pour élaborer une œuvre qui a rencontré un grand succès auprès du grand public.Taleb Kant affirme que cette distinction est une invite à continuer de donner le meilleur de soi-même. Le jeune acteur possède aussi d’autres casquettes, eh oui, on vous avait dit que le garçon est unique en son genre. S’il ne se trouve pas sur les plateaux de tournage, il évolue comme mannequin égérie. Il est notamment l’égérie de la célèbre marque de vêtements de prêts-à-porter “BURKINDI”. 

Le promoteur a vu en Taleb un potentiel qui pouvait créer un véritable Branding autour de sa marque. “Être acteur, mannequin ou top model consiste à vendre son image et à le soigner. Alors je ne fournis aucun effort de trop pour concilier ces activités qui me passionnent” dira l’interprète de Léon. Le natif de Ouagadougou se considère comme un entrepreneur avec ses différentes casquettes. Il estime que la jeunesse du continent doit s’approprier le concept de l’entrepreneuriat pour construire une Afrique prospère. 

Le cinéma burkinabè est en constante évolution, mais le domaine manque encore de ce petit quelque chose qui va permettre aux acteurs de pouvoir vivre correctement de leur art. “De plus en plus, nous constatons que la qualité de nos productions africaines ont un très gros potentiel et concurrence valablement celles de l’international et cela va croissant. Le Burkina est sur une bonne lancée, cependant il reste encore beaucoup à faire.” Tel est le regard que l’acteur porte sur l’évolution du cinéma burkinabè et africain. Aux jeunes qui souhaitent se lancer dans une carrière dans le cinéma, Taleb estime qu’ils ont l’obligation de croire en eux même et en leurs compétences, c’est la base. Il signale aussi qu’il est très important de se former et d’avoir toujours cette envie d’apprendre pour s’améliorer sans cesse. 

Avec son physique d’Apollon, Taleb est un grand passionné de sport qui s’entraîne régulièrement avec son compatriote, l’haltérophile Iron Biby, homme le plus fort du monde dans la discipline du Log lift. Sur les réseaux sociaux, on peut voir les séquences d’entraînement réalisées par les deux hommes au cours desquelles ils ne ménagent pas leurs efforts. À la question de savoir s’il envisage une reconversion dans l’haltérophilie voilà ce qu’a répondu Taleb : “(rires) aucune reconversion dans ce sens n’est possible. J’évolue dans mon domaine de prédilection. Le sport avec Iron Biby ? Tout simplement parce que ce monsieur est le reflet de la persévérance et du surpassement de soi-même. Alors être dans son entourage est un véritable honneur pour moi. Pratiquer régulièrement du sport est bon pour la santé, je ne vous l’apprends pas.” Mais et Hollywood ? Est-ce que franchir les portes du temple du cinéma mondial est un objectif à court terme pour l’acteur burkinabè ? 

Sa réponse est sans équivoque : “De ma génération je crois faire partie des plus audacieux et optimistes, alors un grand OUI!”

Rendez vous au sommet pour Taleb Kant 

On peut alors imaginer dans un futur proche, Taleb Kant aux côtés de son idole Denzel Washington dans un blockbuster qui va exploser tous les records d’audience. L’acteur de la série de plus en plus loin a débuté l’interview de façon philosophique et il a tenu en à faire de même pour la conclusion en ces termes : “Nous revient toujours tel un boomerang, même nos plus fines actions, bonnes ou mauvaises. Ainsi quand ce sera le grand départ nous partirons neutres et pures avec un seul sourire, contraire aux pleurs de la naissance” Taleb Kant.  “Par ma citation, je vous remercie pour l’intérêt que vous m’avez accordé.” 

Avec sa jeunesse, sa fougue, son audace, sa vision, Taleb Kant apporte un style rafraîchissant dans un univers du cinéma burkinabè qui a besoin d’un véritable coup de boost pour aller tutoyer les sommets. Il a fait le plus difficile et actuellement d’autres portes s’ouvrent à lui. Taleb Kant n’a pas fini de faire parler de lui et tout ce qu’on peut dire c’est “Rendez-vous au prochain épisode”