À l’instar de nombreux pays de l’Afrique de l’Ouest, le Niger dispose de ressources naturelles inestimables. L’Uranium du Niger par exemple est parmi les plus convoités au monde. Le pays de l’Afrique de l’Ouest est dans le peloton de tête (7e producteur mondial) des nations exportatrices du “Yellow Cake”.
Seuls des pays comme le Kazakhstan ou le Canada peuvent se targuer de disposer d’aussi grandes quantités d’Uranium dans leur sous-sol. Au vu de l’importance de cette ressource dans l’économie mondiale et notamment la production d’énergie, son prix sur le marché vaut de l’or.
Les plus grandes superpuissances se livrent une bataille sans merci pour avoir des réserves conséquentes d’uranium.
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Quand Areva (Orano) tire le gros lot au Niger
On peut donc penser que le Niger tire de très gros avantages dans l’exportation de l’Uranium. Hélas le revers de la médaille est flagrant. Malgré les immenses réserves de ce métal très convoité, le Niger est considéré comme l’un des pays les plus pauvres de la planète. L’exportation de l’Uranium aurait dû servir de tremplin pour booster l’ensemble de l’économie nigérienne et favoriser l’épanouissement des populations locales. Malheureusement, il semble que la nation sahélienne soit frappée par la fameuse “malédiction des ressources naturelles”.
Pendant longtemps, c’est la France qui a tiré une très grande partie de l’exploitation de l’Uranium nigérien à travers la multinationale Areva, devenu par la suite Orano. La société est présente au Niger depuis les années 70 à travers la Compagnie minière d’Akouta (Cominak). En tout, le mastodonte français aura produit 75 000 tonnes d’Uranium dans le nord-ouest du pays, principalement dans la région d’Arlit. Orano mobilise actuellement de grands moyens pour lancer l’exploitation du vaste site Imouraren. Il est considéré comme l’un des plus grands gisements d’uranium au monde et son exploitation débutera en 2028.
La venue d’Orano au Niger avait suscité de grands espoirs au Niger, mais on peut dire que la montagne a accouché d’une souris. Bien vrai que la zone d’Arlit a bénéficié d’un certain nombre d’infrastructures sociales et la création d’emplois, il n’en demeure pas moins que les retombées attendues ont été largement en deçà des attentes.
De plus, l’exploitation de l’Uranium et la gestion des déchets radioactifs ont eu de lourdes conséquences environnementales et sanitaires. Des organisations de la société civile, des scientifiques aussi bien au Niger qu’en France ont lancé des procédures afin qu’Orano indemnise les populations qui ont subi les effets des déchets radioactifs. En plus de cela, ces acteurs militent afin que l’entreprise française enclenche une série d’opérations afin de dépolluer ces divers sites à Arlit. Comme on l’a indiqué plus haut, plusieurs pays du monde lorgnent l’Uranium du Niger.
Une vision à partir de l’Uranium pour bâtir une économie puissante
La Chine, le Japon et l’Espagne sont d’autres gros clients du Niger. Dans la chaîne de la valeur ajoutée, le Niger est quasiment inexistant. Le pays apporte juste la matière première et se contente de vendre, souvent à prix réduit, sa ressource. Dans ces conditions, il est difficile pour le pays d’engranger assez de bénéfices. De plus, la mauvaise gouvernance, le népotisme, la corruption n’arrangent pas les choses. L’Uranium est toujours présent en abondance dans le sous-sol nigérien, mais pour que cette manne profite à tous les Nigériens il va falloir enclencher des réformes audacieuses qui vont s’étaler sur le long terme. Tout d’abord, il faudra procéder à une réorientation du contenu éducatif afin de former une ressource humaine de qualité qui sera capable d’apporter de la valeur ajoutée à l’exploitation des ressources naturelles.
Dès l’école primaire, il faut intégrer des modules spécifiques relatifs à l’extraction, la transformation, la valorisation, le recyclage de l’Uranium. Ainsi, le pays va regorger d’experts de premier plan qui seront en mesure de mettre sur pied de nouvelles filières économiques autour de l’exploitation de l’Uranium et c’est toute la société qui sera bénéficiaire. Il faut mettre l’accent sur une vision qui se projette à court, moyen et long terme. Dans le processus de la chaîne de valeur de l’exploitation de l’Uranium, l’État du Niger doit mobiliser diverses ressources qui lui permettront de produire de l’électricité.
Avec un réseau électrique conséquent, plusieurs industries spécialisées dans l’agroalimentaire, la gastronomie, la culture, l’art, la métallurgie etc pourront émerger. Les populations pourront s’adonner à des activités génératrices de revenus et de fil en aiguille, le Niger pourrait passer du statut de pays “pauvre” à celui d’économie émergente. Cet objectif est bien réalisable, mais pour y arriver l’engagement des acteurs politiques, économiques, culturels et toutes les autres forces vives sont primordiaux.
Avant le Niger, d’autres pays ont adopté cette stratégie pour tirer le maximum de bénéfices de l’exploitation de leurs ressources naturelles. On pense notamment aux pays du golfe persique (Qatar, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn, Kazakhstan, etc.). Ces pays, aujourd’hui de véritables références, ont considérablement dynamisé et diversifié leurs économies.
S’inspirer des autres pour construire un avenir meilleur
Le Niger a son destin en main. Pour profiter de son Uranium, le pays doit miser sur la formation d’une ressource humaine de qualité. Secondo, la stabilité politique est un facteur très important dans le processus. En effet, sans stabilité politique, le déroulement d’une vision est assez difficile. Sans stabilité politique, Il s’ensuit un cycle de perpétuel recommencement où le pays ne fait que stagner.
En troisième lieu, le 7e producteur mondial d’Uranium gagnerait beaucoup en adoptant une politique de coopération judicieuse avec certains pays afin de négocier des transferts de technologie. En effet, à un moment donné, le Niger aura besoin d’un certain type de technologie afin d’optimiser sa filière Uranium. Il appartiendra aux premières autorités de ce pays de signer des accords audacieux.
Ces accords auront pour but d’envoyer des étudiants, des innovateurs, des experts nigériens se former dans des centres d’excellence aux quatre coins du monde pour ensuite revenir avec une somme de connaissances et de matériels technologiques. En retour, les partenaires du Niger pourront bénéficier de certains avantages d’ordre fiscal, économique ou lié à l’exploitation de ressources naturelles. On appelle cela, la politique du “win-win”. Des pays comme l’Inde, la Chine, la Corée du Sud ont eu recours à cette stratégie pour propulser leur développement et devenir des superpuissances mondiales. Il n’y a pas de recette miracle pour se développer. Tout part d’une vision.
Un pays peut avoir d’abondantes ressources naturelles, mais s’il n’a pas une vision claire pour les exploiter judicieusement, il ne pourra jamais décoller. L’Uranium du Niger peut bénéficier aux Nigériens si et seulement si les élites de ce pays travaillent avec audace, pragmatisme et intégrité.
Au cours d’une de ses conférences, Stanislas Zézé, le PDG de Bloomfield Investment Corporation a affirmé ceci : “Soit vous acceptez miser dans la formation de vos talents pour construire une société prospère soit ce sont les talents venus d’ailleurs qui viendront faire le job à votre place et vous n’aurez que vos yeux pour pleurer. C’est aussi simple que cela”